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Berné par le chef d’un petit parti

Élections Québec l’a finalement coincé pour un stratagème de fausses contributions, et il écope d’une amende record

– Avec Philippe Langlois et Patrick Bellerose SARAH-MAUDE LEFEBVRE

Le chef d’un petit parti des Laurentides a réussi à déjouer Élections Québec grâce à un lucratif stratagème de fausses contributions qui lui a permis d’amasser indûment des fonds publics.

Comment un parti marginal et inconnu du grand public, qui a obtenu 1678 voix au dernier scrutin provincial auquel il a participé, a-t-il pu déclarer 30 000 $ en dons en une seule année ?

C’est cette incongruité qui a mis Élections Québec sur la piste du Parti Libre, une formation menée par Michel Leclerc, un homme connu pour ses excentricités et ses accointances complotistes (voir texte ci-contre).

Il a été condamné le 13 juin dernier à débourser une amende de 35 650 $ après avoir plaidé coupable à trois chefs d’infraction pour avoir aidé la représentante officielle de son parti à remettre un faux rapport financier en 2020 et avoir lui-même fabriqué un faux reçu. Il s’agit là de l’amende la plus élevée imposée à un seul individu par Élections Québec au cours des cinq dernières années.

LA TOURNÉE DES BARS

De 2018 à 2020, ce petit parti a touché des dizaines de milliers de dollars de la part de l’organisme.

Il faut savoir qu’élections Québec verse 2,50 $ pour chaque dollar reçu en don par un parti dûment autorisé afin de contribuer à son financement (jusqu’à concurrence de 20 000 $ de dons).

Le parti de M. Leclerc, le Parti Libre, a ainsi soumis plusieurs fausses contributions pour recevoir de l’argent.

Selon nos informations, différentes stratégies étaient utilisées par Michel Leclerc et d’autres solliciteurs.

Par exemple, M. Leclerc faisait la tournée des terrasses et restaurants des villes de Saint-sauveur et de Sainte-adèle pour offrir des consommations d’alcool aux clients en échange de la signature d’un reçu de don.

On aurait aussi offert à des électeurs de faire un don, pour ensuite les rembourser.

Le parti, qui a récolté 0,04 % des voix aux élections provinciales de 2018, vivait largement selon ses rapports financiers.

LES ÉLECTEURS FAISAIENT DE LA PUB

Plus de 120 000 $ ont été dépensés par le Parti Libre en rémunérations et frais de déplacement en 2019 seulement, une année qui n’était pourtant pas électorale.

Joint au téléphone, M. Leclerc a expliqué que sa formation politique était présente à la fois sur la scène fédérale et provinciale. Il a admis avoir versé des montants de 100 $ à des électeurs pour qu’ils fassent de la « publicité » pour le Parti Libre du Canada, mais en leur demandant du même coup de faire un don au Parti Libre Québec.

IL PREND LA CHARGE POUR LES AUTRES

Selon lui, cette façon de faire était tout à fait correcte.

« Je n’ai jamais donné d’argent. Jamais donné un cent à personne pour une contribution à Élections Québec. Ils disent que je donnais de l’argent au monde. C’est complètement faux », affirme-t-il.

M. Leclerc affirme avoir plaidé coupable seulement pour s’éviter d’onéreux frais d’avocats.

« J’avais beaucoup de monde là-dedans. Il y avait 7-8 personnes impliquées. J’ai pris la charge pour tout le monde », dit-il.

Malgré ses déboires, ce dernier n’entend pas quitter la politique pour autant. Il désire demeurer actif sur la scène fédérale avec le Parti Libre du Canada, mais compte céder sa place comme chef de la formation.

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