La diabolisation douce de PSPP

joseph.facal@ quebecormedia.com

2023-11-21T08:00:00.0000000Z

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Quebecor Media

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Les derniers sondages dessinent une tendance. D’un côté, la CAQ perd des plumes d’un sondage à l’autre. La lassitude s’est installée et, cherchant à rebondir, le gouvernement se rue dans toutes les directions, multipliant les gaffes, accélérant sa glissade. De l’autre côté, le PQ est le seul à profiter des déboires caquistes. Quand le mécontentement profite à un seul parti d’opposition, c’est que les gens se cherchent une alternative pour gouverner. STRATÉGIE Forcément, la remontée du PQ, c’est aussi le retour en force de la question nationale. Un référendum est encore très loin, mais ce n’est plus une perspective aussi farfelue qu’il y a quelques années. On va évidemment nous ressortir les épouvantails de 1980 et 1995. Mais il y aura une subtilité supplémentaire cette fois. J’en viens à ma prédiction facile. Une des plus vieilles règles de la politique est de définir votre adversaire avant qu’il se définisse lui-même. En langage clair, ça veut dire miner son image et son projet. Évidemment, pour que l’attaque soit crédible, on l’ajustera au personnage et aux circonstances. On le fera passer pour un amateur inexpérimenté, ou un dangereux pyromane, ou un hypocrite porteur d’un projet caché, etc. En plus des attaques classiques sur la souveraineté, je prédis qu’on attaquera Paul Stpierre Plamondon sur la question de l’immigration. Le chef du PQ est en effet le seul des cinq chefs de parti qui soulève ouvertement la question de la capacité d’accueil du Québec s’il veut rester francophone et ne pas importer des tensions sociales. Mais une attaque trop frontale serait contre-productive. Ses adversaires essaieront d’être subtils ou s’imagineront qu’ils le sont. Comment je le sais ? Parce que c’est déjà commencé. Je vous donne deux exemples. Une chronique parue dans La Presse du 4 octobre avançait que la notion de « capacité d’accueil » n’a pas de « fondement scientifique », car il est impossible de parvenir à un chiffre indiscutable. Bref, dans le doute, pelletons vers l’avant. Loufoque. Comme si le « toujours plus » avait un fondement plus scientifique. Comme si la difficulté à mesurer précisément le réchauffement climatique autorisait à nier le problème. La même stratégie, en version plus grossière, est reprise dans une pseudo-analyse parue dans Le Devoir du 11 novembre. On y cite un démographe français (sic !) pour qui « parler de capacité d’accueil », c’est reprendre les discours du Front national de Jean-marie Le Pen afin de « légitimer la xénophobie ». Subtil, hein ? Un autre militant déguisé en « expert » dit sans rire : « Toutes les sociétés sont capables d’absorber une immigration, sans avoir besoin de la chiffrer ou de la quantifier ». CARTE Bref, on attaquera indirectement PSPP avant d’y aller directement s’il continue à monter. On le diabolisera d’autant plus qu’il est difficile de lui répondre sur le fond quand on voit les problèmes qui s’accumulent, et qu’on sent bien qu’il tient là une carte gagnante.

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