Négociations : la pause pipi est finie
Richard Martineau richard.martineau@quebecormedia.com
2023-11-21T08:00:00.0000000Z
2023-11-21T08:00:00.0000000Z
Quebecor Media

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C’est le public qui va trancher C’est aujourd’hui que commence la vraie confrontation entre les syndiqués du secteur public et le gouvernement. Après un long prologue, où l’on a expliqué les enjeux, nous voici maintenant dans l’avant-dernière scène, quand les duellistes se regardent les yeux dans les yeux, pendant que le vent souffle, que le train siffle, qu’une éolienne grince, qu’une chaise berçante crisse et qu’éric Gingras, président de la Centrale des syndicats du Québec, joue de l’harmonica, un chapeau à large bord baissé sur les yeux. Le gouvernement va-t-il dégainer sa loi spéciale ? Les syndiqués vont-ils sortir leurs gros canons et aller en grève illimitée ? Tout est possible. La réponse après la pause. POUCE EN L’AIR, POUCE EN BAS En fait, chers lecteurs, c’est vous qui allez faire la différence. Tout repose sur vos épaules. Les syndiqués du secteur public misent sur votre loyauté, votre fidélité, votre appui. « Monsieur et madame Tout-le-monde continueront de nous soutenir même si notre grève va compliquer leur vie, car ils savent qu’en bout de ligne, nous nous battons pour eux, leurs jeunes enfants qui ont besoin de profs et leurs vieux parents qui ont besoin de soins ! » Alors que le gouvernement, lui, mise sur votre écoeurement et votre impatience. « La population va virer de bord et retirer son appui aux grévistes car les parents vont être tannés de se demander quoi faire avec leurs enfants, sans oublier toutes les opérations non urgentes qui devront être reportées, faute de personnel dans les hôpitaux ! » Bref, après le westernspaghetti, on se retrouvera dans un film de gladiateurs, avec vous dans le rôle de César, chargé de condamner l’un des deux protagonistes aux galères d’un simple mouvement du pouce. LA PARTIE REPREND ! Ces derniers jours, c’est comme si le film des événements s’était brisé dans le projecteur. Rien ne bougeait, chacune des parties restait sur sa position. « On veut d’abord parler de salaire ! », clamaient les syndiqués. « On veut d’abord parler de gestion du travail ! », répliquait le gouvernement. « Si vous n’arrivez pas avec une contre-offre salariale qui nous offre autre chose que des pinottes, on sort ! », criaient les employés de l’état. « Si vous n’arrivez pas avec des propositions réalistes concernant la gestion du travail, on rentre ! », disait Sonia Lebel. Bref, c’était la panne. Les syndiqués dénonçaient l’immobilisme du gouvernement, alors que le gouvernement dénonçait l’inertie des syndiqués. Depuis hier, à la demande des syndiqués du Front commun, Québec a nommé un conciliateur pour forcer les deux côtés à s’asseoir et à négocier. Mieux vaut tard que jamais, comme dit l’autre. Maintenant que tout le monde est allé faire pipi, la partie de poker peut enfin reprendre ! DE L’EAU DANS LE VIN Actuellement, le gouvernement a tout intérêt à laisser le conflit traîner, car plus il traîne, plus les gens risquent de se tanner. Cela dit, si les gens sentent que le gouvernement fait preuve de mauvaise foi, la CAQ risque de perdre encore quelques plumes lors des prochains sondages... Chacun devra mettre de l’eau dans son vin s’il veut sortir de cette confrontation la tête haute. Le hic est que chaque côté est hyper crinqué.
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